Aux "moi aussi"

mercredi 18 janvier 2017

Texte publié le 13 mars 2016 (sur mon ancien blog)

Je crois que la beauté dépasse de loin le cartésien rendu d'un donné. Ce "moi aussi", il n'a pas sonné comme un simple rendu. Dans l'espace plein entre nos mots, entre les murs, entre les draps creusés de notre chaleur toute bleue et rose à l'aube, ce "moi aussi je suis amoureux" a sonné si entier, si délicat dans l'étendu de nos bouches, il n'était définitivement pas la moitié de quelque chose. Ce n'était pas juste une confirmation, un retour ou une affirmation venant soulager tel un baume attendu l'escarpement d'une attente vertigineuse. D'ailleurs, à cet instant, je ne le guettais tellement pas, les mots m'ont cueillie au réveil, comme au sortir de l'hiver. Le soleil perçait les persiennes d'un or pâle, projetant des éclats de brume ensommeillés et joyeux sur les murs mous.
La simplicité d'une voix douce, affirmée tel un secret dont on n'a plus peur.
Ça m'a semblé un peu beaucoup plus grand qu'une partie de pendentif divisé entre deux colliers. C'était une douceur musicale autonome, si miraculeusement accordée au son de l'autre violoncelle. Joli et tendre aussi, mais surtout entier et authentique. Simplement étendu dans la belle lumière du jour. C'était un "moi aussi" en dehors de tout jeu égotique et réussir à le prendre pleinement et simplement : quel bonheur. Pourtant, il y a quelques temps, l'attente fébrile se cognait contre les murs, j'avais donné, j'avais dit et j'avais peur de ne pas recevoir. J'ai même quelques fois voulu reprendre, comme par caprice. Si tu n'as pas de bille à m'offrir, alors rends-moi la mienne. Oui celle-là, la bleue et ocre qui s'agite dans ta poche. Nos mots posés sur mes maux troubles et la petite masse apeurée s'était dissoute, ne laissant qu'une mince traînée de poussière qui, de temps en temps, me faisait tousser. Quelque chose peinait à s'éclaircir, à continuer d'apprendre à marcher. Une toute petite arête au fond de la gorge. J'y ai réfléchi, j'ai tenté de prendre conscience, de cheminer vers autre chose, vers le donné, le vrai donné.
Et puis, ce moi aussi a pénétré la chambre jaune. Il a entrouvert la porte, l'air de rien, comme une fleur que l'on retrouve éclose le soir en rentrant. Et ça met à mal bien des interprétations que notre cerveau intrépide a pu tisser à l'ombre de nos doutes et de notre manque de confiance en soi, en la vie. La surprise de rencontrer l'autre.
Deux secondes. Deux minutes. Dix minutes, dix caresses, des baisers. Le temps qui trotte puis le temps qui file. Un roïbos chaud, très chaud, bouillant. Deux croissants. Des sourires. Tes sourires. Un doute, deux hésitations, un partage. Une douche. Un pyjama puis un vêtement pour sortir. Dehors, plus loin, après. Le départ. Se quitter après l'infini relié.
Je n'ai pas réalisé, je me suis même surprise de ce presque "petit" effet. A se dire trop fort que l'on devrait être comme ci, comme ça, comme toi, transi, joyeux, explosif, on recouvre la voix qui vient de l'intérieur, celle qui vit malgré tout, par dessus nos plans et trop souvent par dessous. On recouvre ce qu'elle nous chante d'une poussiéreuse couverture d'attentes envers nous-mêmes. Mais cette fois, ma voix s'est badigeonnée d'un sourire qui n'a plus quitté la peau de mon être. Elle a charmé et dépassé les "devrais" et les "non". Elle a étendu sa force, repoussant les limites de mon corps tendu, de mon mental soufflé de doutes et de remises en question et de modèles. Elle a dit zut aux représentations, aux références et au reflet dans le miroir. A cette image qui n'est pas nous mais qui nous oblige à nous définir par rapport à elle. A cette image qui, pourtant sans voix, crie et ordonne parfois si fort. Pour un instant, sorry for my french, ma voix intérieure, et toute belle de la fraîcheur de nos âmes, a dit zut. Et d'un pas assuré, je l'ai écoutée. Je me suis murmurée que c'était okay de ressentir à cet instant T de la douceur plus que de l'excitation, d'être dans une sorte de retenue, d'abriter une joie diffuse plus que des grands tremblements éperdus.
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Soyons libres d'être ce que nous sommes, soyons libres de sentir notre vie, juste comme elle est. N'ayons pas peur de nous-mêmes, fonçons ! Fonçons vers ce qui vibre en nous, loin de la comptine des idées si parfaitement préconçues autour desquelles on s'emmêle et se cadenasse. Fonçons ! Fonçons ! Légers et beaux.
Un bijoux pour le souvenir, que vaporeux devienne tangible. Pour le présent devenu passé, pour le temps qui s'enfuit, pour la fragilité des instants. Pour avoir nos sourires, nos mots ailés bourdonnant dans l'aube collés à mon corps.
Puis finalement, j'ai crié d'excitation et de contentement explosé, toute seule dans mon appartement, un son aigu et perçant, le même que dans la cours de récrée. Le même qu'à Noël enfant, le même que dans la neige, sous les jets de boules glacées. Le même que lorsqu'on oublie de penser, la tête toute renversée, le cerveau logé dans les battements de notre cœur vif et moelleux. J'ai souri, vraiment, sans pouvoir m'arrêter, pour rien, sans rien entre les mains que la chaleur petite de ses paroles.
Ça alors, il est amoureux...

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